Le nouvel équilibre des forces du golf mondial
Qui sera le lauréat, dimanche, de la centième édition de l'USPGA, dernière levée du grand Chelem de l'année?
- Publié le 11-08-2018 à 10h56
- Mis à jour le 06-09-2018 à 19h33
Qui sera le lauréat, dimanche, de la centième édition de l'USPGA, dernière levée du grand Chelem de l'année.
Très difficile à dire. Le niveau de golf n'a jamais été aussi élevé et les favoris se bousculent au portillon du Bellerive Country Club. Decryptage.Si en tennis certains observateurs se lassent de la domination sans partage du Big Four (Federer, Nadal, Djokovic et Murray), ce n’est pas le cas en golf, un sport qui collectionne les lauréats dans les tournois du Grand Chelem. Sur les vingt derniers Majors disputés, on recense ainsi la bagatelle de seize vainqueurs différents. Seuls Jordan Spieth, Rory McIlroy et Brooks Koekpa ont réussi à accrocher plusieurs sacres à leur tableau de chasse.
Cette statistique en dit long sur l’équilibre des forces qui sévit actuellement au sommet du swing mondial. C’est bien simple : au départ de chaque grand tournoi, les candidats à la victoire se bousculent sur le tee n°1, au point de rendre très compliquées les cotes des bookmakers.
En jetant un œil dans les archives, on constate qu’à certaines époques de l’histoire du sport de St. Andrews, seuls quelques joueurs s’adjugeaient les plus grands titres. Sans remonter aux calendes grecques, les anciens se souviennent sûrement de la domination de Ben Hogan et Sam Snead dans les années 50, de la suprématie du triumvirat Arnold Palmer-Jack-Nicklaus-Gary Player dans les années 60, des exploits de Severiano Ballesteros, Bernhard Langer et Nick Faldo dans les années 80. Ou, bien sûr, de la souveraineté absolue de Tiger Woods au début des années 2000.
Aujourd’hui, le niveau n’a jamais été aussi élevé et, du coup, on recense une cinquantaine de candidats au trophée lors de chaque Grand Chelem. Nourrie au biberon des performances du Tigre, la nouvelle génération a donné une nouvelle dimension à la discipline en affichant haut et fort ses ambitions. C’est vrai aux États-Unis avec des joueurs comme Jordan Spieth, Justin Thomas, Patrick Reed, Rickie Fowler ou Brooks Koepka. Et c’est vrai en Europe avec des joueurs comme Tommy Fleetwood, Jon Rahm, Matthew Fitzpatrick, Tyrell Hatton, voire notre Thomas Pieters.
Et comme en golf le champion vieillit plutôt bien, on retrouve toujours, au sommet de l’affiche, des stars comme Phil Mickelson, Bubba Watson, Dustin Johnson, Justin Rose, Jason Day, Henrik Stenson, Matt Kuchar, Sergio Garcia, Martin Kaymer, Ian Poulter ou Tiger Woods, auteur ces derniers mois d’un improbable come-back à 42 ans. Ce cocktail explosif favorise évidemment ce nouvel équilibre des forces.
Une chose est sûre : le spectacle n’a jamais été aussi relevé sur les greens du PGA Tour et de l’European Tour où les cuts sont quasiment systématiquement en territoire négatif et où les tournois se gagnent souvent à 20 sous le par. À la force de frappe de la nouvelle génération - dont les balles fusent souvent à plus de 300 mètres - s’ajoutent l’expérience et la stratégie de l’ancienne. Talent, précision, fighting spirit : à l’arrivée, il ne manque rien et tout est toujours possible.
La victoire de Francesco Molinari lors du récent British Open en est la plus belle preuve. Le champion italien, âgé de 35 ans, est loin d’être le joueur le plus puissant ou le plus athlétique du circuit mondial. Mais c’est sans doute le plus régulier, grâce notamment à sa précision chirurgicale dans les coups d’approche. Son succès sur le links écossais de Carnoustie contrastait clairement avec celle de Brooks Koepka lors de l’US Open. L’Américain est l’exemple-type du joueur surpuissant, qui drive à tous vents. Cette opposition de styles entre le métronome Molinari et l’athlétique Koepka est un merveilleux résumé de la variété et de la richesse du golf mondial actuel.
On se réjouit dès lors d’assister, ce dimanche, à l’épilogue de la centième édition de l’USPGA, quatrième et dernière levée du grand Chelem de l’année.
Le tournoi se dispute sur le parcours du Bellerive Country Club, à Saint-Louis (Missouri). Dessiné par le grand Robert Trent Jones, il s’agit d’un pur championship course. Très long (par 70 de 6702 m), balisé par le rough et les obstacles d’eau avec des greens rapides comme le marbre d’une salle de bain, il ne pardonne rien. Il ne faut donc pas savoir lire dans les lignes des greens pour deviner que l’épreuve couronnera forcément un ténor. Reste à trouver son nom. Et dans le contexte actuel du golf mondial, ce n’est assurément pas une tâche facile. Faites vos jeux, les paris sont ouverts !;